
J'aime l'idée d'avoir qualifié de "justes" des gens qui ont su braver l'autorité pour sauver des vies humaines au péril de la leur, voire même de celle de leur famille. L'amour pour le prochain était plus fort que la peur. Mon grand père maternel, Albert Augsburger, était de ceux-là. Son histoire s'est terminée dans le camp de Dachau en 1944, et je suis tellement fier de cet homme simple.

Albert et Louise Augsburger, mes grands parents maternels
Albert A.
T'aurais pas du mon pauvre Albert
Écouter ton cœur cet hiver
La raison aurait bien été
De faire comme si rien ne s'était passé
Il a fallu que tu t'en mêles
De cette histoire ou tout s'emmêle
T'as voulu protéger des frères
Que tu n'connaissais même pas hier
T'aurais pu rester aux Reussilles
Tranquille avec ta petite famille
Quelle drôle d'idée t'as eu grand père
D'aller d'l'autre côté d'la frontière
C'est vrai que tu n'pouvais pas prévoir
Ce qui s'passerait un peu plus tard
La guerre allait pourrir ce pays
La première n'avait pas suffit
À cause de la connerie humaine
J'aurai jamais pu te connaître
Toi qui n'connaissais pas la haine
T'as quand même vu ce qu'elle peut faire
Le jour où c'train a déraillé
Des tas de gens s'en sont barrés
C'était pas l'club med leur destination
Mais l'horreur d'la concentration
T'as dit "j'ai fait juste mon devoir"
Mais putain fallait en avoir
Pour accueillir et mettre à l'abri
Ceux qui fuyaient l'ennemi :
Ta neutralité tu l'as démontrée.
Et puis tes voisins t'ont balancé
Ç'était ton tour de prendre le train
Aller simple et puis plus rien
T'as laissé Louise et les enfants
Aux soins du Dieu tout puissant,
Plus fort que la haine, la vengeance.
Une p'tite mention "mort pour la France"
Est liée aujourd'hui à ton nom
Sur un mur à Besançon;
Toi l'homme d'aucun parti,
Même là encore t'es incompris.
Albert, je suis fier,
Juste parmi d'autres Justes.